Parmi les récits de souffrance et de ruine qui nous sont parvenus de ces jours sombres, il y en a un où la joie se mêle aux lamentations, où une lueur subsiste sous l’ombre de la mort. Celle de la malédiction de l’Inquisiteur Déchu Adwerranbeth...

Cette mystérieuse histoire commence vingt-cinq ans avant le grand Cataclysme qui ravagea le second Empire.

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Lors de mon quatorzième anniversaire, le village dans lequel je vivais avec mes parents fût la proie de pillage de brigands. Afin de me protéger, mes parents me cachèrent dans le cimetière du village, me promettant de venir me chercher quand tout serait fini.
Les cris et les gémissements des villageois ainsi que le crépitement des flammes dévorant le village parvenaient jusqu'à mes oreilles, regardant par delà le mur du cimetière,je vis le ciel du village d’un rouge orangé contrastant avec le ciel noir de la nuit… Au loin le son des cornes de l’armée impériale résonnait, mais déjà les brigands avaient quitté le village ne laissant que mort et ruine derrière eux.

Devenu orphelin, je fus placé dans une institue religieuse où je fus recueilli par un Seigneur Eskannite, l'un des membres fondateurs des illuminés du Cercle d'Or. Méfiant au début, j’appris qu’à la suite d’un événement, ce Seigneur Eskann était devenu un renégat envers ses semblables et emprunta la voie religieuse d'Oznar. Je vécu à ses coté durant vingt-deux années où j’appris une doctrine religieuse bien particulière, et, à ma maturité je me fis recouvrir le corps de motifs tribal comme le voulais la coutume du peuple de mon maître, et je passais du rang d’évêque à celui d’Inquisiteur.

Alors âgé de vingt-deux ans, je fus envoyé en mission sur des terres elfiques en compagnie de Nehtar, mon meilleur ami, chef de la garde religieuse. Je fis la connaissance d’une magnifique créature… une elfe… une Elfe esprit…Nous nous voyions au début de temps en temps puis de plus en plus souvent et nous finirent par célébrer notre mariage ainsi que la naissance de notre enfant, mais dans l’ombre de ces réjouissances, je n’avais pas vu que Nehtar c’était lui aussi épris d'amour pour l’Elfe et la jalousie commença à le dévorer jour après jour.

Trois ans s’écoulèrent, et je fus convoqué à l’abbaye des Illuminés pour l’attribution d’une nouvelle mission, et mon ami Nehtar profita de mon absence pour rendre visite à mon épouse et lui fit des avances, mais celle-ci gênée, les refusa, car son cœur appartenait déjà à ma personne. Fou de rage et aveuglé par sa jalousie, Nehtar assassina mon épouse avant de fuir emportant avec lui ma descendance.

Quand je découvris avec horreur le corps de ma femme, celle-ci me confia avant de rendre son dernier soupir l’identité de son assassin et le kidnappeur de notre enfant. Malgré ma profonde tristesse d’avoir perdu ma femme, je me lançai à la poursuite du traître. Après une semaine et demie de recherches, j’ai finis par le retrouver à l’entrée d’une clairière. Voulant venger ma femme et sauver ma fille, un violent combat s’en suivit, et je fus gravement blessé sur la partie gauche de mon visage, mais avant de sombrer dans les limbes, je transperçai le flanc de mon adversaire.


Après plusieurs heures je sorti vaguement de l’inconscience, je voyais trouble, il m’était impossible de distinguer les visages qui m’entouraient. J’entendais qu’on m’appelait, mais je n’arrivais pas à comprendre ce qui m’arrivait. Tout était flou et ouvrir les yeux était une atroce souffrance, je sentais le froid envahir mon corps et je tentais vainement de lutter. C’est alors que je sentis un liquide parcourir ma gorge et je m’endormis peu à peu, le froid semblait s’être évanoui.

Quelques jours plus tard, je me réveillai peu à peu après avoir senti que l’agitation autour de moi s’était évanoui. Je vois encore trouble, mais je parviens quand même malgré tout à discerner ça et là des formes. J’arrive à entendre plutôt bien, mais je n’arrive presque pas à bouger. Je me rendis compte malgré ma somnolence que je n’étais pas seul et je tentai de tourner la tête, j’y parviens avec difficulté et je discerner mon maître.

C’est alors que je me rendis compte que j’étais dans un lit, je regardai autour de moi avec difficulté et m’aperçus que j’étais dans une chambre.

Mon maître confirma mes pensées et m’expliqua alors que je me trouvais dans une chambre de l’hôpital du monastère et qu’un prêtre avait usé de son don afin que je ne sombre pas dans les abysses de la mort. Je lui demandai alors comment je suis parvenu à la cité impériale.
Il m’expliqua que les gardes de la porte impériale ont trouvé mon destrier devant celle-ci alors que j’étais inconscient avec mon corps posé sur lui. J’en jugeai que Nehtar y était sûrement pour quelque chose et qu’il détenait toujours mon enfant. Et lorsque mon maître voulut des explications sur mon escapade et mon état, il percuta de plein fouet mon silence.

J’eus durant une semaine des pertes de conscience avant de revenir à moi, et je dus passer une semaine de plus au monastère pour récupérer de ma blessure. A la fin de ma deuxième semaine, je me levai donc du lit et remis mon armure et ma cape avant de faire quelques pas. Le côté gauche de mon visage me lançait encore ce qui entraînait une douleur à chaque pas que j’effectuais.

Un an passa depuis mon retour ensanglanté à la cité impériale, et le raz de marée annoncé par les prophètes de l'Empereur approchait à grands pas, n'ayant plus rien à perdre je me porta volontaire pour partir à la découverte de nouvelles îles, je me suis dès lors enfermé derrière un visage de fermeté impassible qu’aucune émotion ne peut traverser, vivant caché derrière une pèlerine noire, noir comme les Ténèbres qui m’entourent, noire comme mon âme, noire comme la haine que je nourris…

Naviguant des jours durant, je dû faire face à la colère de Dame Nature qui, pendant deux jours et deux nuits fit tanguer les navires sur les flots incisent de la mer, provoquant à chaque secousse un grincement sinistre laissant présager la rupture de la coque. Mais au bout du troisième jour, la tempête se calma, et les navires, survivant d’une épreuve, se dressaient paisiblement au milieu de l’étendue plate de la mer.

Le sixième jour de navigation fût un jour éprouvant pour les rescapés, car perdu au milieu de nulle part, parmi cette étendue d’eau infinie, les réserves commencèrent à manquer et cela se ressentait les jours suivants. Puis un matin un homme d’équipage aperçu au loin de l’horizon bleu une silhouette se dessiner, la silhouette d’une île et d’un volcan. Le débarquement, commencé à l’aurore sur la plage de Tecil, durait depuis plusieurs heures, et la plus grande partie des embarcations était déchargées de leurs occupants et de leurs cargaisons.

De la hauteur boisée sur laquelle j’étais monté pour éviter la poussière et les contacts déplaisants, j’observais les alentours et sous mes yeux se dévoila une vallée verdoyante fermée par l’étendue azur de la lagune et une chaîne de montagne. Çà et là, dans la vallée on voyait des forets isolées et plus loin, près de la ligne d’horizon, le volcan imposant se dressait fièrement au centre de l’île. Satisfait de l’endroit, je me dirigeais vers le campement qui se formait lentement dans la vallée, bientôt les tentes laisseront place à un royaume naissant, donnant je l’espère, un nouveau tournant à ma vie.

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Extrait du Manuscrit des Ombres, Chapitre VII.